Victory parade : Nov. 7th, 1918
(in René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918.
Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933
&
Jules Thiroux "La délivrance")
La Ville avait, d'accord avec la division canadienne, organisé la fête de la Délivrance pour le jeudi 7 novembre, quand le Colonel Marshall vint nous aviser que le chef du premier corps d'armée canadienne voulait en prendre la direction. Ce changement amena quelques ennuis car la division, qui avait tout organisé ne voulait plus nous prêter son concours.
Après avoir attendu toute la journée l'officier qui devait nous apporter les instructions, MM. Damien, Jules Billiet et moi, allâmes chez le général Watson, qui nous retint à prendre le thé dans la maison de Louis Piérard, Place Froissart, où il avait pris son quartier général.
Déjà la ville avait placardé la proclamation suivante :
PROCLAMATION
Cérémonie militaire pour commémorer la délivrance de Valenciennes Le général Horne, Commandant de la première armée britannique passera la revue des troupes.
Les Vétérans des armées de Terre et de Mer sont invités à se rendre à la place qui leur sera désignée. |
Le mercredi 6 novembre, nous reçûmes enfin dans l'après-midi, la visite d'un Commandant, nous apportant le plan pour le défilé :
PLAN Les Généraux commandant le 22e corps et le corps canadien, se présenteront au Général commandant la 1ère armée à son arrivée. |
On retrouve ces indications dans le journal de guerre du Corps Canadien, Administrative Branches of the Staff Appendix "I", notamment le plan de la Place d'Armes :
Plan du centre ville montrant également la place St géry:
Delame reprend :
Pendant ce temps, les Canadiens poursuivant leur route, avançaient et entraient dans Quiévrain à midi, par une pluie, battante: l'aile droite dépassait Sebourg. Nous entendions sans cesse le canon dans la direction de Condé, qui était encore occupé par les Allemands.
Le jeudi 7 novembre 1918, fut une journée d'allégresse, la Ville fêtant l'entrée des Canadiens. Une estrade ornée de plantes vertes avait été dressée sur la Grand 'Place, les drapeaux tricolores sortant de leurs cachettes pavoisaient la Mairie.
A dix heures, suivant l'horaire prévu, les troupes anglaises, écossaises et canadiennes, vinrent prendre leurs positions sur la Grand 'Place, précédées chacunes par une musique.
Le général, son Etat-major et le prince de Galles, firent leur entrée au milieu de vibrants hourrahs, la musique jouant la Marseillaise, God save the King, et l'Hymne canadien [Ô Canada ???].
Revue des troupes:
en tête M. DAMIEN, le général Horne et le brigadier général Odlum (casque)
au second rang, regardant les soldats, le Général Currie et le Prince de Galles.
on aperçoit à gauche R.Delame derrière le Préfet Naudin
et, caché par le militaire casqué, J.Billiet.
Puis, des enfants habillés de blanc, qui se tenaient sur le côté de l'estrade, remirent des fleurs aux officiers supérieurs.
Les trois appariteurs se tenaient derrière MM. Billiet et Damien, portant les oriflammes aux armes de la Ville qui devaient leur être offerts.
Notre concitoyen, le peintre M. Membré, avait illustré le discours qu'allait prononcer M. Damien, d'une aquarelle représentant l'Hôtel-de-Ville défendu par des canons. Aussi, le général Horne et le prince de Galles en demandèrent-ils un exemplaire.
M. le Préfet Naudin, MM. F. Damien, et J. Billiet s'avancèrent vers le général pour lui souhaiter la bienvenue en ces termes :
La Grand'Place le 7 Novembre pendant le discours de M. DAMIEN (source J. Thiroux)
M. F. Damien remit alors à chacun des Généraux un diplôme, ainsi qu'un pavillon de soie aux couleurs françaises, sur lequel étaient peintes les armes de Valenciennes.
M. DAMIEN durant la réponse du général HORNE
au premier plan le Général Canadien CURRIE
derrière M. DAMIEN : M. Jules BILLIET
Le général Horne répondit :
Monsieur le Maire, Je désire, au nom de la 1ère Armée britannique que j'ai l'honneur de commander, vous exprimer, ainsi qu'à vos concitoyens, combien nous sommes sensibles à l'accueil que vous nous avez réservé aujourd'hui. Nous nous réjouissons avec vous d'avoir pu aider à la libération et au retour à la france de l'historique et important Ville de valenciennes. Nous sommes profondément touchés par l'expression de votre gratitude et nous nous empressons de vous assurer de notre sincère sympathie pour vous et vos concitoyens pour toutes les souffrances auxquelles vous avez été soumis pendant ces quatre dernières années, et qui ont été si noblement supportées. Nous considérons avec indignation l'évacuation de vos habitants, la dévastation de votre Cité, le vol de vos oeuvres d'art, le pillage de la propriété privée et les autres atrocités commises par les Allemands. Nous déplorons la destruction de vos édifices du fait des nécessités militaires, mais nous remercions Dieu qu'il vous soit possible de nous donner l'assurance qu'aucun citoyen n'a été victime d'un obus britannique. Je suis très sensible, et je parle aussi au nom du Général Currie et du Général Godley, de l'honneur que vous nous avez fait en nous conférant le titre de de Citoyen de votre bonne et franke Cité. Nous acceptons ce titre avec orgueil et reconnaissance. Nous conserverons toujours comme de glorieux souvenirs les drapeaux que vous avez bien voulu nous offrir en ce jour mémorable. Nous vous faisons remarquer que nous n'avons mérité cet honneur par aucun fait ou action spéciale de notre part, mais nous reconnaissons que c'est le témoignage que vous voulez bien donner à la bravoure, à la ténacité et aux durs combats soutenus par les troupes Britanniques, dont le résultat a été la libération de votre belle Cité. |
Puis le prince de Galles remercia à son tour, se déclarant "heureux que ce fut au courage des armées britanniques qu'eût été due la délivrance de Valenciennes"
Pendant toute cette cérémonie, la chèvre fétiche du régiment écossais allait de banquette en banquette manger les fleurs que portaient les enfants.
A ce moment se produisit un incident amusant. Le Prince de Galles confondit le préfet en uniforme avec l'appariteur municipal, également en uniforme, et c'est à ce dernier qu'il tendit alors la main. l'appariteur n'en fut nullement intimidé et demanda au Prince des nouvelles de son "père". L'assemblée s'amusa fort de cette confusion.
On retrouve sur le site canadien "Office national du film", une séquence montrant à partir de 3:19 sur les 9min31, des officiers montant en voiture, à 3:44 la place St Géry avec l'arrivée du général Currie et des officiels descendant de voiture devant la maison du n°19, puis officiels et soldats alliés sur la Grand'Place de Valenciennes. (fin à 6:19)
Puis, commença le défilé, et nous pûmes admirer la belle tenue des troupes canadiennes. Les Ecossais, de leur côté, recueillirent également les applaudissements des Valenciennois.
87th Battalion Band playing outside Hotel de Ville. November, 1918
Le Général et le prince de Galles retournèrent ensuite à Denain et M. Billiet présenta à M. Naudin les derniers otages, MM. Gravis et G. Ewbank, [de retour de Lithuanie] à qui il adressa quelques paroles de félicitations. [voir Otages en Lithuanie]
Les membres de la Croix-Rouge de Valenciennes eurent une pieuse pensée pour l'infirmière Mme Besnard, qui s'était tant dévouée pour ses concitoyens et qui eût été si heureuse d'assister à cette magnifique manifestation.
Nous apprîmes bientôt que les Canadiens, poursuivant leur avance étaient arrivés à Boussu [Belgique], et que des parlementaires allemands étaient partis pour Paris, afin de traiter de l'Armistice.